domingo, 18 de febrero de 2024

LE MYSTÈRE DE LA RÉDEMPTION.



II. — Carême.

 1. — Exposé dogmatique.

Le temps de la Septuagésime nous a rappelé combien l’homme déchu doit s’associer, par l’esprit de pénitence, à l’œuvre rédemptrice du Messie. Eh bien, ce Carême, à travers le jeûne et d'autres pratiques pénitentielles, nous allons l'incorporer d'une manière encore plus parfaite. Notre âme rebelle contre Dieu est devenue l’esclave du diable, du monde et de la chair. Et justement, tout au long de ce temps saint, l'Église nous montre Jésus déjà au désert (Dom. I de Quar.), déjà au milieu des aléas. de sa vie publique, luttant pour nous libérer du triple esclavage de l'orgueil, de l'avidité et de la luxure, qui asservissent nos créatures. Lorsque par sa doctrine et ses douleurs il nous aura rachetés de la captivité et restauré la liberté des enfants de Dieu, il nous redonnera, dans les célébrations pascales, la vie divine que nous avions perdue. C'est pourquoi la liturgie du Carême, imprégnée des enseignements du Maître et de l'esprit de pénitence du Rédempteur, servait autrefois à la formation des catéchumènes et à inciter à la componction les pénitents publics qui aspiraient à ressusciter avec Jésus le Samedi saint, par la réception du sacrement du baptême, ou celui de la pénitence. Ce sont les deux pensées que l'Église développera pendant tout le Carême, nous montrant dans la personne des Juifs infidèles aux pécheurs, qui ne peuvent revenir à Dieu qu'en s'associant au jeûne de Jésus (Evang. du 1er Dom.); et dans celui des Gentils, appelés à leur place, les effets du sacrement de régénération (Ev. de la 2e et 3e dom.) et de l'Eucharistie dans nos âmes (Ev. de la dom.).

Dans l'Office divin, les lectures de l'Ancien Testament se poursuivent. Le 1er dimanche du Carême, la figure d'Isaac est éclipsée par la pensée de Jésus dans le désert. Au cours de la dernière semaine du Carême, la liturgie raconte l'histoire de Jacob, figure du Christ et de son Église, toujours protégée et favorisée par Dieu en tant que saint patriarche. C'est Joseph dans les lectures du Bréviaire de la 3ème semaine, et en lui nous voyons une figure du Christ et de l'Église, qui ont toujours rendu le bien pour le mal, et brillent d'un éclat inhabituel pour leur vie immaculée. Enfin, la 4ème semaine est consacrée à Moïse, qui a libéré le peuple de Dieu, pour ensuite l'introduire dans la terre promise, et figure en cela ce que l'Église et Jésus-Christ font des âmes à Pâques.

Nous voyons alors comment «Dieu explique à la lumière du Nouveau Testament les miracles des temps primitifs» (Orac. del Sat. S.). Ainsi, en méditant les pages parallèles des deux Testaments, nous nous préparerons à célébrer avec l’Église les saints mystères pascaux, car ces pages sacrées nous donnent une compréhension complète de la miséricorde divine, qui ne connaît pas de limites. La liturgie du Carême nous exhorte également par la bouche d'Isaïe, de Jérémie et des prophètes ; et dans le Nouveau Testament, par celle de saint Paul, dont les épîtres deviennent comme l'écho de la voix du Maître qu'on entend dans les Évangiles de ces quatre dimanches. Nous pouvons bien considérer tout ce temps comme une grande retraite spirituelle, dans laquelle entrent tous les chrétiens du monde entier, pour préparer la fête pascale, et qui se termine par la confession et la communion pascale. De même que Jésus, se retirant de l'agitation du monde, a prié et jeûné pendant 40 jours, puis, dans son vice d'apostolat, nous a enseigné comment nous devons mourir à nous-mêmes, de même l'Église, dans cette sainte quarantaine, nous prêche comment nous devrions mourir en nous, l'homme du péché.

Cette mort se manifestera dans notre âme par la lutte contre l'orgueil et l'amour-propre, par l'esprit de prière et la méditation la plus assidue de la parole divine. Elle se manifestera également dans notre corps à travers le jeûne, l'abstinence et la mortification des sens. Elle apparaîtra enfin dans toute notre vie par un plus grand renoncement aux plaisirs et aux biens du siècle, en faisant plus d'aumônes et en s'abstenant de participer aux fêtes mondaines. Car, en effet, le jeûne du Carême ne doit être que l'expression des sentiments de pénitence dont notre âme est remplie, s'occupant d'autant plus librement des choses de Dieu qu'elle restreint le don des sens. Ainsi, ce moment propice, pas comme les autres, est pour les cœurs généreux une source de sainte joie, qui transparaît par tous les pores de la liturgie du Carême.

Cette œuvre de purification s'effectue sous la direction de l'Église, qui unit nos souffrances à celles du Christ. Les lâches peuvent aussi entrer dans la mêlée avec effort, confiants dans la grâce de Jésus, qui ne doit pas manquer, s'ils implorent l'aide divine contre l’ennemi; et les forts ne s'enorgueillissent pas de leur observance, car ils doivent savoir que seule la Passion de Jésus est ce qui les sauve, et que ce n'est qu’«en y participant par la patience que ses fruits de santé leur sont appliqués ».

«L’observance du Carême, dit le pape Benoît XIV, est la ceinture de notre milice, et par elle nous nous distinguons des ennemis de la Croix du Christ; grâce à elle, nous conjurons les ouragans de la colère divine; Grâce à elle, nous sommes protégés par l'aide céleste pendant la journée et nous nous armons contre les princes des ténèbres. Si cette observance devait se relâcher, cela diminuerait la gloire de Dieu, discréditerait la religion catholique, ce serait un danger pour les âmes chrétiennes, et il ne fait aucun doute qu'une telle tiédeur deviendrait une source de malheurs pour les hommes, de désastres. des affaires publiques, et des malheurs des mêmes individus.

2. — Exposition historique

La liturgie du Carême nous fait suivre Jésus dans toutes les aventures de son ministère apostolique.

Première année: Jésus a d'abord passé 40 jours dans le désert sur le Mont de Quarantaine, au nord-est de Béthanie (1er dimanche). Puis il s'entoure de ses premiers disciples et monte avec eux en Galilée, d'où il revient à Jérusalem pour y célébrer la fête de Pâque, expulsant ensuite les vendeurs du Temple (lun. de la 4ème semaine). Après avoir évangélisé la Judée pendant plusieurs mois, il se rend à Sichem, où il convertit la Samaritaine (vendredi 3ème semestre), d'où il se rend à Nazareth, prêchant dans sa synagogue (lundi 3ème semestre). De là, finalement, il s'est dirigé vers Capernaüm, puis a parcouru la Galilée (jeudi 3A Sem.). Deuxième année: Jésus revint de nouveau à Jérusalem pour la 2ème Pâque, et là il guérit le paralytique à la piscine de Bethsaïda (Evangile. Vendredi 1ère Semaine). De retour en Galilée, il prêcha le Sermon sur la Montagne (Mt. Kouroun-Hattin) (mercredi des Cendres et vendredi suivant). Entrant à Capernaüm, il guérit le serviteur du Centurion (jeudi après Cen.) puis ressuscita le fils d'une veuve à Naïn (Ev. jeudi 4a Sem.). Puis il évangélisa de nouveau la Galilée et se rendit immédiatement à Bethsaïda-Julias, dans les domaines de Philippe. Dans les environs de cette ville, il multipliait les pains (4e dimanche), puis il marchait sur les eaux du lac, en rentrant à Capharnaüm (samedi après le dîner).

 Troisième année: Jésus parcourt ensuite les régions de Tyr et de Sidon, où ses ennemis le suivent (mercredi 5ème semestre); Il entendit la supplication de la femme cananéenne alors qu'il passait par Sarepta (jeudi 1er S.) et, revenant par Césarée de Philippe, il retourna en Galilée, où eut ensuite lieu la Transfiguration (samedi Sec. et 2e Soleil.) De retour à Capharnaüm, il prêcha la miséricorde à ses apôtres (Mart. 3a S.) et monta aussitôt à Jérusalem à la Fête des Tabernacles, pour ne jamais revenir en Galilée. Là, il confondit les Juifs qui l'accusaient d'avoir enfreint le sabbat (Mart. 4a Sat.), pardonna à la femme adultère (Sagesse 3e Sat.), enseigna dans le Temple (Sagesse 4a Sat. Lun. 2e Sat.) et guérit les Juifs. homme aveugle de naissance (mer. 4a S.). Après que Jésus fut en Galilée, il se rendit en Pérée, où il rendit la parole à un muet (dimanche 3) et montra Jonas comme image de sa résurrection (mercredi 1er siècle). De là, il vint à Jérusalem pour la fête de la Dédicace, puis revint en Pérée où il prêcha la parabole du fils prodigue (Sat. 2a S.) et du riche épulon (Jud. 2a S.). Puis il fut appelé à Béthanie, où il éleva Lazare (Vi. 4a S.). Après être parti pour Ephrem, il se rendit à Jérusalem, annonçant comment il allait être condamné à mort (mercredi 2e siècle). Dans le Temple, il expulsa une nouvelle fois les vendeurs (Mart. 1er s.), prononça la parabole des vignerons rebelles (vendredi 2e s.) et démasqua l'hypocrisie des pharisiens (Mart. 2e s.). Finalement, il gravit le Mont des Oliviers et, regardant Jérusalem où on devait le crucifier trois jours plus tard, il parla du Jugement qui séparera à jamais les bons des mauvais (Lun. 4a S.).

3. — Exposition liturgique.

Le Carême est divisé en deux parties. Le 1er commence le mercredi des Cendres, appelé par la liturgie «Début du Très Saint Carême», pour se terminer le dimanche de la Passion. La 2ème comprend la grande quinzaine qui porte le nom de Temps de Passion. En faisant abstraction des quatre dimanches du Carême et de ceux de la Passion et des Rameaux, nous n'avons que 36 jours de jeûne, auxquels ont été ajoutés les quatre précédents pour obtenir le nombre exact de 40" que la Loi et les Prophètes avaient inauguré, et que le Christ lui-même consacré par son exemple.

SAISONS DE CARÈME. —Toutes les messes de Carême ont leur Station. Le Pape a en effet célébré successivement la messe solennelle dans les grandes basiliques, dans les 25 paroisses de Rome et dans quelques autres sanctuaires, entouré de son clergé et de son peuple. Cela s’appelait Station. Le nom qui subsiste encore dans le Missel nous rappelle que Rome est le centre du culte chrétien, mais ce n'est que la trace d'une liturgie plus de douze fois laïque et à d'autres moments si solennelle. Le Carême, avec la messe saisonnière quotidienne, est l'une des périodes liturgiques les plus anciennes et les plus importantes de l'année. Le Cycle temporel dédié à la contemplation des mystères du Christ exerce désormais une influence quotidienne et directe sur les fidèles, tandis qu'à d'autres moments de l'année, les fêtes en milieu de semaine s'apparentent davantage à des fêtes de Saint. Et puisque toute la vie chrétienne se résume dans l’imitation de Jésus, ce Temps, où le Cycle des Saints est plus court, doit être particulièrement fécond pour nos âmes.      

L'Église a admis, en raison de son importance exceptionnelle, la fête de l'Annonciation (25 mars) puis celle de saint Matthias (24 février) dans la liturgie du Carême. Et même si, au fil du temps, d'autres messes se sont ajoutées en l'honneur des Saints, cela est néanmoins tout à fait conforme à l'esprit de cette époque, comme le rappelait Pie X dans sa Bulle "Divine afflatu", de préférer, belle messe, pas dans le cas d'un double de 1ère ou 2ème classe ; Eh bien, pendant tout le Carême, la messe officielle des chapitres est celle de la foire (en violet), sauf pour ces fêtes, et même ces mêmes jours (Annonciation, S. José et S. Matías), une messe de la foire à les cathédrales et les collégiales, afin de ne pas interrompre pour quoi que ce soit la préparation pascale.

Afin d'inculquer l'esprit de pénitence, l'Église non seulement supprime le Gloria et l'Alleluia et habille ses prêtres d'ornements pourpres pendant cette sainte Quarantaine, mais ordonne également au diacre de laisser sa dalmatique et au sous-diacre sa tunique, symboles des deux. de joie, et impose le silence à l'Orgue. Après la post-communion, une prière est dite sur le peuple, précédée de cet avertissement: "Humiliez vos têtes devant Dieu".

La société chrétienne suspendait autrefois les tribunaux et les guerres pendant cette période, déclarant la Trêve de Dieu. C'était aussi une période interdite pour les mariages, et aujourd'hui encore, l'Église interdit de donner la bénédiction solennelle aux époux pendant le Carême.

 

  

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